Domaines skiables

Le glacier de Tortin (Canton du Valais, CH), entre 2 900 m et 3 300 m d’altitude, au pied du Mont-Fort, est exploité par Téléverbier et NVrm (Télénendaz) depuis 1980. C’est le point culminant du domaine skiable des 4Vallées. Le secteur est équipé et aisément accessible par des remontées mécaniques depuis les stations de Verbier et de Haute-Nendaz. Le glacier de Tortin diminue continuellement en surface et en épaisseur. Il ne dispose plus de zones d’accumulation suffisantes.

En raison de l’altitude élevée et de l’accessibilité, le ski hivernal n’est pas fondamentalement remis en question. Les exploitants s’accommodent des mouvements du glacier (crevasses) et des changements de terrains (pierriers/moraines remplaçant la glace). Sauf incidence topographique majeure, comme l’apparition de barres rocheuses ou la déstabilisation massive du permafrost, l’activité hivernale peut raisonnablement perdurer, voire être renforcée grâce à une position concurrentielle favorable. L’activité estivale est remise en question. Le ski d’été n’est plus possible en l’état actuel. L’attractivité du secteur se borne par beau temps au panorama et à la randonnée (limitée). Les secteurs à plus basse altitude sont plus attractifs (variés) et coûtent moins cher à exploiter en été. Cependant le secteur est accessible et peut être mieux exploité. Les remontées mécaniques doivent aujourd’hui faire des choix. 

Le but du projet pilote est de proposer une méthodologie qui permettra aux acteurs locaux (exploitants) d’élaborer des stratégies et de prendre des décisions en toute connaissance de cause. Les projets qui découleront de ces choix seront soumis aux autorités locales (communes, canton) notamment pour l’obtention de permis de construire. Cette méthodologie se décline par étapes :

1re étape : En premier les possibilités sont imaginées en vrac, toutes, même les plus utopiques qui ne seront jamais réalisées mais qui encadrent la réflexion. Pour ce faire, les architectes mandatés ont eu « carte blanche » pour esquisser ces possibilités. Des sous-secteurs sont identifiés et une maquette est construite afin de mieux appréhender l’espace. Des réalisations concrètes sont recherchées pour comparaison. Ces possibilités sont représentées graphiquement selon deux axes par rapport au changement climatique.

Démantèlement/construction : Cette dimension classe les possibilités en fonction de l’attitude de l’exploitant. Elle part de la déprise puis passe par des actions légères, mesurées, jusqu’aux interventions lourdes.

Opposition/valorisation : Cette dimension situe les possibilités face au changement climatique. Elle va de l’opposition visant à essayer de maintenir une pratique jusqu’à l’utilisation du changement climatique pour développer de nouvelles opportunités.

2e étape : En plus de pesées d’intérêts « classiques » basées sur l’attitude face à la montagne, l’intérêt économique, l’impact environnemental, l’opportunité sociale, etc. la question de la résilience face au retrait du glacier se doit d’être posée. Il s’agit en particulier d’éviter une attitude aveugle qui éluderait la question (reflex de l’autruche).

Il s’agit de poser un regard critique face à une tentation de mimétisme qui résumerait la stratégie à une copie de la concurrence, même accompagnée d’une montée en puissance de l’offre (plus haut, plus beau, plus impressionnant). Cette analyse multicritère définit le deuxième outil de la boîte. Les critiques sont faites dans un but constructif.

3e étape : Dans un troisième temps, un choix sera fait et proposé à l’autorité. Ce sera un choix conscient et justifié qui s’inscrit dans une réflexion large et complète. Pour le projet pilote, c’est aux exploitants que ce choix incombera. Il ne se limitera pas à la présentation d’une possibilité. Il expliquera pourquoi ce sont ces mesures qui ont été retenues par rapport aux autres possibilités. Il annoncera clairement une attitude et l’assume vis-à-vis des actionnaires, des autorités, de la population. Ce choix sera fait en toute conscience de sa pérennité et du risque pris.